Écoute  bien, mon fils, parce qu’un jour ce sera à toi de prendre ma place, celle des Seigneurs de Dol Amroth. Je ne veux pas que tu es peur, je veux que tu comprennes. La connaissance est la seule arme qu’il nous reste avec l’espoir et le courage. C’est l’ignorance qui nous a anéantis. Tu dois comprendre notre passé, car c’est toi qui décidera de notre avenir.

Nul ne sait d’où il est arrivé, mais en quelques mois à peine, il en eut fini avec le monde de paix, de justice et d’avenir que les anciens connaissaient. Ne me demande pas, je n’étais qu’un nourrisson lorsqu’eurent lieu les derniers instants du dernier vrai roi du Gondor. Mère eut la présence d’esprit de quitté Dol Amroth tant qu’il en était encore temps, laissant derrière elle sa vie d’avant, sa famille et surtout son époux. Je ne sais quel fût le sort de mon père, elle ne le sût pas non plus, peut-être est-ce pour un mieux, car tu sais, il n’existe pas d’être plus cruel et malfaisant en ces terres que le noir roi-sorcier. La marche fût longue, l’exil lourd au cœur d’une jeune mère et d’une aimante épouse. Le Rohan fût notre refuge, du moins pour quelques temps.  Mère y prit du repos, j’y grandis et appris les rudiments des armes et de la cavalerie. Je n’étais pas conscient de ce qui se tramait autour de moi. Les histoires que me contait l’ancienne dame de Dol Amroth était toujours joyeuses et belles, emplie de magie, de magicien et de preux chevaliers courageux. Non, je n’ai pas connu les deux héritiers, ils avaient quitté les lieux depuis bien longtemps. Ces temps plus calme et paisible ne durèrent que cinq années. Mère et moi avons quitté Edoras dans les derniers instants avant que l’armée de Namoth n’encercle la capitale du Rohan. Une fois de plus, l’exil nous prit en son sein pour nous conduire à travers les terres inconnues.

Je me souviens des longs jours de marche à m’en faire saigner les pieds, des nuits passées à dormir à peine de peur d’être trouvé et tuer. Je me souviens de la noirceur de Fangorn qu’il fallut traversée, la peur au ventre et l’estomac dans les talons. Si, tu te plains de notre situation aujourd’hui, sache qu’il y a toujours pire en ces terres, des gens qui meurent de faim, qui meurent de peur ou simplement sur les routes avec l’espoir d’atteindre notre dernier bastion : le Rhovanion. Lorsque nous l’avons atteint avec Mère, cela sonna comme une délivrance pour nous deux. C’est à Dale qu’elle rendit alors l’âme, soulagée de m’avoir emmené le plus loin qu’elle le put, hors de portée de l’usurpateur, de l’assassin qui l’a contraignit à fuir et lui prit ce qu’elle avait de plus cher. Elle rendit l’âme assurée que je serais éduqué par les rescapés de notre pays. Ne me demande pas si j’ai pleuré, mon fils, car tu sais bien qu’aucun enfant ne peut voir partir sa mère le regard plein de joie et le cœur léger. Elle était tout ce qu’il me restait d’un passé dont je ne me souviendrais jamais. Ne me demande pas comment est Edhellond, je l’ignore totalement. Je ne sais de cette cité que ce que les gens qui sont ici ont bien voulu me dire et pourtant elle est dans mon cœur le but ultime à atteindre, la mère patrie à reconquérir et dont le viole doit être vengé.

Dale devient alors ma demeure, je l’appelais chez moi lorsque je la quittais pour rejoindre la Montagne Solitaire. Toi aussi, tu comprendras un jour que notre chez nous est l’endroit que nous choisissons d’appeler comme cela, mais que l’on quitte tous un jour. L’enseignement court mais intensif que j’eu reçu au Rohan porta ses fruits et je deviens à l’âge de dix-huit ans, l’un des meilleurs cavaliers de l’armée libre du Gondor. Avant cela, j’ai souffert de l’enseignement rude de l’art de la guerre, mon corps eu son lot de douleur, mais aussi l’éreintant bourrage de crâne qu’il sied à tout héritier de seigneurie. Je ne me démarquais pas plus que les autres dans cette matière, cela me fatiguait, mais pour ma mère, pour que de là-haut elle soit fière de moi, je m’appliquais, comme tu devras t’appliquer toi aussi. Dans ce monde cruel et torturé, il faut se souvenir d’où on vient, de ceux qui nous ont aimé et leur faire honneur, mon garçon.

Sur une dizaine d’année, je parviens à faire mes preuves et à monter en grade petit à petit, j’en étais fier, mais pas orgueilleux. Ma place, je l’ai conquise à la sueur de mon front et en versant le sang de nombreux ennemis, ainsi que le mien. N’oublie pas, on n’obtient rien d’autre que ce que l’on mérite. Soi bon et tu auras de bonnes choses, soi mauvais et prépare toi à recevoir de mauvaise chose. Provoque ta propre chance, vit et soit heureux, mais ne baisse jamais ta garde, car c’est à ce moment-là que l’ennemi te surprendra, comme il nous a surpris lors de la bataille d’Eryn Lasgalen. Oui, nous n’aurions jamais cru qu’il puisse abattre le roi des elfes et pourtant il l’a fait, mais nous avons surmonté cela et profité qu’il baisse sa garde. Une leçon pour nous. Une leçon pour lui. Ne jamais croire que la paix est acquis, mon fils, jamais.

Oui, j’ai profité de la paix, j’ai profité de ma vie et c’est sans aucun doute pour cela que tu existes aujourd’hui. Je ne mentirais pas, je n’étais pas vraiment amoureux de ta mère, mais je sais prendre mes responsabilités. J’ai accepté que tu viendrais au monde, accepté d’épousé cette jeune femme, mais le destin a voulu que tu connaisses mon sort, celui de ne vivre qu’avec un parent. L’hiver et ta naissance eurent raison de sa santé fragile. Ne te méprends pas, je ne regrette aucunes de mes décisions, ni ta naissance, ni les choix que je ferais à l’avenir. Tu es mon sang. Tu es ma chair. Tu es mon héritier. Peut-être ne suis-je pas le père idéal, prit par la responsabilité que notre roi légitime m’a confié depuis deux années maintenant, mais quand tu auras lu tout ceci, peut-être comprendras-tu à quel point c’est important que nous partions en guerre.

La guerre… nous l’avons crue finie avec le traité de paix, mais l’ennemi est vil, perfide et imprévisible. Nous étions tous d’accord qu’il nous fallait agir, sortir de ces terres et frappés les points sensibles de l’ennemi encore et encore, jusqu’à lui brisé les chevilles. Faire tomber le colosse avant qu’il ne nous fasse tomber. Hélas, le temps nous manque déjà, l’Alliance est en péril et il faudra plus que la bonne volonté de chaque peuple pour qu’elle reste debout. Aujourd’hui, mon garçon, j’écris ces lignes, car je sens que les hostilités sont de nouveaux proches de nous. Ces lignes, j’ignore quand elles te seront transmises, probablement quand je ne serais plus. Cela peut-être demain, dans quelques années ou jamais, mais cela me soulage de te conter mon histoire.

N’oublie pas, quand on part pour la bataille, on est jamais certains de l’issue, même lorsqu’on est un grand guerrier. Travail toujours sans relâche, ne baisse jamais ta garde et prie. Prie parce qu’il faut garder foi en quelque chose, même lorsque tout ne semble que ténèbres, il y a toujours une lueur d’espoir, même si elle te semble un grain de poussière dans un océan de  pois noir et gluante. N’oublie jamais, que même si je ne suis pas et ne serait jamais le père idéal, je t’ai toujours aimé, mon fils. Honore ton nom, celui de Dol Amroth.